Vous le savez, lorsque bien entretenus, les véhicules d’aujourd’hui peuvent rouler au-delà des 300 000 kilomètres sans réparations majeures. Et si vous avez magasiné un nouveau véhicule ces dernières années, vous le savez aussi: leurs prix ont explosé. Du coup, certains termes de financement s’étirent jusqu’à 96 mois – c’est huit ans, ça! Voilà autant de raisons pour vouloir une garantie… honorable, en termes de couverture et de durée. Justement: est-ce que les constructeurs ont suivi la tendance et bonifié leurs protections automobiles?
Non. La plus récente analyse «Garanties des véhicules neufs 2024» menée en exclusivité par CAA-Québec a analysé le détail des petits caractères des protections offertes par quelque 40 marques automobiles. Et un triste constat se dégage: non seulement les garanties sont demeurées ce qu’elles étaient il y a dix ou même 20 ans, certaines ont même vu leurs couvertures être réduites – ou carrément disparaître.
Des exemples? La marque Buick, pour laquelle vous payez pourtant une surprime par rapport aux marques d’entrée de gamme, a cessé de couvrir ses véhicules pendant 4 ans/80 000km «pare-chocs à pare-chocs». Depuis l’année-modèle 2023, elle ne les garantit plus que pendant 3 ans/60 000 km – comme pour les véhicules de ses filiales populaires Chevrolet et GMC.
Par ailleurs, le tiers des marques ne proposent plus de garantie contre la rouille de surface. Vous envisagez conserver longtemps votre nouveau véhicule? Vous voudrez donc éviter les Alfa Romeo, Audi, BMW, MINI, Chrysler, Dodge, Fiat, Jeep, Land Rover, Lexus, Mazda, Mitsubishi, Polestar, Porsche, Ram, Tesla et Volkswagen. Cette dernière marque allemande offre toujours une garantie sur la perforation, mais la couverture est passée de 12 ans à sept ans (quoique le kilométrage demeure illimité).
C’est un véhicule électrique ou à propulsion hybride que vous magasinez? Si la plupart des marques en garantissent les composants pendant 8 ans/160 000 km, Kia et Nissan ne prennent ce risque que pendant 5 ans / 100 00 km. Et la protection «électrique» est encore moins généreuse du côté des Audi, BMW, Jaguar, Land Rover, Mercedes-Benz, MINI, Polestar et Volvo, toutes des marques de luxe qui ne couvrent que pendant 4 ans/80 000 km.
On serait dû pour des garanties élargies, non?
Revenons à notre prémisse d’introduction et posons la question: on serait dû pour l’amélioration des protections, non? À cette question, Jesse Caron, expert automobile chez CAA-Québec, répond qu’avec «les véhicules qui sont de plus en plus complexes, et avec les problèmes qui sont de plus en plus difficiles à diagnostiquer, ça pourrait effectivement être une bonne chose.» Mais bon, la tendance ne va pas du tout dans cette direction.
Les plus vieux s’en souviendront: au début des années 1980, les automobiles ne duraient en moyenne que sept ans ou 160 000 kilomètres, dixit George Iny, directeur de l’Association pour la protection des automobilistes (APA). À l’époque, «la garantie d’origine du constructeur était d’une année sur l’ensemble de la mécanique et, à l’occasion, de deux ans ou 40 000 kilomètres sur le groupe motopropulseur», se souvient M. Iny.
Aujourd’hui, la garantie complète, qu’on appelle souvent «pare-chocs à pare-chocs», couvre la majorité des véhicules pendant 3 ans/60 000 km – voire de pendant 4 ans/80 000 km chez les véhicules de luxe.
Certes, certaines marques sont plus généreuses que d’autres, mais on peut les compter sur les doigts d’une seule main:
- Chez Mazda, la garantie complète (trois ans) et celle sur les groupes motopropulseurs (cinq ans) sont sans limite de kilométrage;
- Hyundai, Genesis, Kia offrent la garantie complète pendant cinq ans/100 000 km;
- Même chose pour Mitsubishi, qui couvre par ailleurs ses groupes motopropulseurs pendant dix ans/160 000 km. Il s’agit de la garantie «moteur à combustion» la plus généreuse de l’industrie.
Quand les marques émergentes promettent mer et monde
Les seules marques qui osent se montrer plus obligeantes de leurs garanties sont celles émergentes. Pensez aux Lucid, Rivian, VinFast et… Fisker, quatre marques qui ont d’ailleurs fait leur entrée au tableau 2024 de CAA-Québec.
Ces constructeurs de véhicules 100% électriques n’hésitent pas à proposer des protections qui vont du quitte au double par rapport à la norme de l’industrie. Ainsi, le fabricant de camions Rivian couvre ses moteurs et ses composants électriques pendant 8 ans/280 000 km, tandis que le vietnamien VinFast propose des garanties sur toute la ligne pendant 10 ans/200 000 km.
Mais… demandez aux acheteurs de Fisker Ocean ce que vaut leur garantie complète de 6 ans/100 000 km ou celle de 10 ans/160 000 km sur la propulsion électrique, maintenant que le constructeur Fisker a déclaré faillite? C’est bien beau, de généreuses protections promises sur une décennie, encore faut-il que ces jeunes entreprises soient encore en affaire pour les honorer…
Certes, il y a lieu de «saluer cette forme de respect à l’égard des automobilistes qui font le saut vers des marques toutes fraîches», dit Jesse Caron. Mais il rappelle qu’avant que ne soient établies les preuves en matière de fiabilité, les consommateurs doivent s’attendre à un certain nombre de rappels et/ou de visites à l’atelier de réparations.
L’expert de CAA-Québec sait de quoi il parle, lui qui veille aux essais routiers de véhicules électriques au Salon international de l’auto de Montréal. «En janvier dernier, les deux exemplaires de VF8 que VinFast a inscrits à nos essais routiers de VE ont requis plusieurs interventions techniques et mises à jour durant les 10 jours de l’événement», rapporte M. Caron.
Magasinez-vous avec les garanties en tête?
On ne se le cachera pas, bien peu de consommateurs magasinent leur nouveau véhicule avec, au sommet de leurs priorités, ce que les garanties couvrent – et pendant quelle durée. Pourtant, ce qu’on est content lorsqu’on obtient la réparation sans frais d’un pépin mécanique ou autre!
Avant de jeter votre dévolu sur une marque ou sur un autre, prenez un moment pour éplucher le tableau 2024 des garanties que CAA-Québec a patiemment colligé et publié dans son site Internet. Voyez comment, au-delà des principales garanties, une foule d’autres protections existent pour les systèmes antipollution, la corrosion, les chaînes audio, les systèmes de navigation, les ceintures de sécurité et les coussins gonflables.
Justement, les coussins gonflables montrent à quel point des écarts se creusent entre deux marques. Ainsi, la famille Stellantis (Jeep, Dodge, Chrysler, Ram, Alfa Romeo et Fiat) n’offre une protection pour les airbags que de 3 ans / 60 000km, alors que le groupe General Motors (Chevrolet, GMC, Buick, Cadillac, Hummer) double la mise avec 6 ans / 120 000km.
Un dernier point, si vous faites le saut dans l’électromobilisme: oui, les garanties sur les batteries sont généreuses. La norme est de 8 ans/ 160 000 km, mais des marques comme Lexus, Jaguar, Kia et Tesla couvrent davantage – jusqu’à 10 ans/ 240 000km. Mais là encore, lisez les petits caractères mis en évidence par l’étude CAA-Québec. Car BMW n’offre le remplacement ou la réparation de la batterie si sa capacité diminue sous les 60%, alors que la plupart des marques élèvent la barre à 70% ou 75% de capacité.
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